Visite de Marie de Bourbon

Un carrosse aux armoiries du Comte de Joyeuse s' approcha du château.

Les quatre mulets qui formaient l' attelage s' arrêtèrent brusquement devant la grille.
Boum!

Un laquet s' empressa de descendre du carrosse, inquiet.

Ma Dame, vous allez bien ?

Le froissement de jupes et l' éclat d' un rire se fit entendre dans l' habitacle.

Raymond, je vous tue ! Heureusement que la mode est aux nombreux jupons...

Le laquet sourit, sachant très bien que sa maitresse n' en pensait pas un mot. Il commençait à bien la connaître. Elle l' avait engagé dans le Maine, un mois auparavant. Elle se remettait d'un grave accident à l' époque et s' en retournait en Languedoc retrouver sa famille.

Marie de Bourbon apparut vêtue d' une robe jaune paille dont la simplicité ne cachait aucunement la qualité du tissu. Elle était à l' image de celle qui la portait.


Nous allons poursuivre à pied, j' ai besoin de me dégourdir les jambes et ne veux point être vue dans cet attelage de malheur.
Bien Ma dame
Vous allez me faire le plaisir de remplacer ces mules par de vrais chevaux...
Oui Ma Dame
et n' ayez pas ce petit sourire narquois, vous m' aviez prévenue mais j' étais trop pressée de partir, j' en conviens. Se retourna le sourire aux lèvres.
Marie prit le chemin du château, admirant le paysage alentour.

Le gardien du domaine des Brassac avait été averti par son maître qu'une invitée de marque devait arriver dans les prochains jours. Lorsqu'il vit apparaître un carrosse armorié, curieusement attelé de mules, il ne douta pas un instant que l'invitée était arrivée. Il expédia un valet prévenir le château et se précipita pour ouvrir le portail.

Le carrosse s'arrêta avant la grille et la dame en question en descendit. Elle s'approcha du portail, regardant attentivement autour d'elle.

Le bonnet à la main, le gardien s'inclina bien bas pour la saluer et s'effaça pour la laisser entrer à Brassac.


Alors que la dame commençait à remonter l'allée, Guillaume, le majordome, se précipitait vers le portail, longeant la longue allée pour aller accueillir comme il convenait Dame Marie de Bourbon. Il la vit et se hâta de se porter à sa hauteur. Il effectua une révérence parfaite et s'adressa à elle :

Madame de Bourbon,
Bienvenue au domaine des Brassac.
Mon maître est rentré de son hostel de Montpellier dans la nuit et il inspecte actuellement le domaine. Il devrait rentrer au château sous peu.
Si vous voulez bien vous donner la peine de me suivre, je vais vous faire accomoder dans le petit salon et faire préparer vos appartements.

S'inclinant à nouveau, Guillaume la laissa le dépasser puis se porta à un pas devant elle pour la guider jusqu'à la demeure.

Revenant de son inspection, Nico apprit par un de ses valets que Guillaume était parti accueillir une dame de qualité qui s'était présentée au portail. Se doutant qu'il s'agissait de Dame Marie, il se dépêcha de gagner le perron, puis la grande allée. Sans prendre le temps de se changer, il marcha à grand pas jusqu'à apercevoir son hôte, guidée par Guillaume. Il arriva enfin à leur hauteur.

Il s'inclina devant Marie, prit une de ses mains et y déposa un respectueux baisemain.
Se relevant, il lui adressa un éblouissant sourire.

Ma chère amie !

C'est un miracle, je n'ose y croire. Vous ici, chez moi, alors que l'on m'a annoncé votre disparition !! Je suis fort aise de vous voir et vous souhaite la bienvenue à Brassac. Vous y êtes chez vous, autant de temps que vous restiez.
J'espère d'ailleurs pouvoir profiter de votre présence plusieurs jours.

Mais je parle, je parle alors que votre voyage a dû vous épouver. Je vais vous faire accompagner jusqu'à votre chambre. Nous prendrons le temps de bavarder après que vous vous soyez reposée.

Se tournant alors vers Guillaume :

Guillaume,

Veuillez mener Dame Marie à ses appartements et veillez à ce que ses moindres désirs soient accomplis. Elle a sûrement besoin de calme, aussi ne la dérangez que si elle vous appelle.

S'inclinant à nouvau vers Marie :

Ma chère,

Allez tranquillement au château. Je m'occupe de vous y faire amener vos malles. Je vais également donner mes ordres pour que l'on s'occupe de vos gens et de vos... mules !