Des nouvelles du Comte...

Guillaume était dans le vestibule, surveillant le grand ménage hivernal qui durait maintenant depuis une grosse semaine. Le château était dans un état indescriptible, l'agencement ordinaire des nombreuses pièces ayant été bouleversé par les domestiques nettoyant, frottant, astiquant... Alors qu'il réprimandait une servante particulièrement fainéante, un valet vint lui donner un pli scellé aux armes de son maître.

Guillaume fronça les sourcils. Quelle tuile allait encore lui tomber dessus ? Quelle était la nouvelle fantaisie du Comte ? Devrait-il encore lui fournir des écus par milliers pour restaurer ou agrandir un des ses châteaux, dans lequel il ne mettrait jamais les pieds ?

Guillaume prit le pli, le décacheta et resta stupéfait à sa lecture. Alors, celle-là... elle était bien bonne !

Citation :

Guillaume,

On vient de me demander la permission de prêter Brassac pour une réception durant quelques jours autour des festivités de la Nativité. J'ai bien sûr accepté mais rien n'est encore officiel.
Cependant, il faut vous préparer à accueillir un nombre important de convives. Il s'agirait des fêtes de fin d'année traditonnelles des Amazones. Elles sont nombreuses et, selon ce que j'ai compris, elles se feraient également accompagner. Cela signifie que nous accueillerons environ une centaine de personnes pendant plusieurs jours.

Dame Neférourê, de Ventadour, viendra bientôt vous donner de plus amples informations et vous aider dans la préparation de cet événement qui va ramener un peu de vie à Brassac.

Je compte sur vous et votre habituelle efficacité pour lui faciliter la tâche.

Qu'Aristote veille sur vous, mon ami,
Nico de Brassac.

L'information finit par se faire totalement jour dans le cerveau déboussolé du pauvre Guillaume. Une centaine de personnes !! pour plusieurs jours !! à Brassac !! des amazones !! Le Comte avait perdu la raison ! Si c'était pour animer le domaine, il n'avait qu'à y être un peu plus présent au lieu d'hiverner à Neuvic ou Turenne. Guillaume était déconcerté et furieux à la fois. Encore une fois, c'était sur lui que tout le travail retombait. Qui sait même si le Comte serait présent durant ces festivités ou si ce serait aussi à lui de faire les honneurs du domaine.
La servante qui regardait les bras ballants la réaction surprenante de l'intendant fut sévèrement tancée, plus que ne l'aurait voulu son attitude mais elle était au mauvais endroit au mauvais moment. Guillaume remonta le grand escalier et alla s'enfermer dans la bibliothèque, commençant déjà à réfléchir à la façon d'accueillir comme il se devait des personnes aussi nombreuses et de réputation aussi flatteuse.

M'sieur Guillaume a parlé d'une fête... Moi j'aime bien les fêtes !

Lunedor avait assisté à la scéne depuis l'escalier ou elle s'était cachée. Sourriant largement, elle regagna sa chambre pour annoncer aux jumeaux l'arrivée des "zamazones" .

Dommage que maman soit pas là ! Mais nous on va bien s'amuser !

Tout en réfléchissant à comment s'échapper sans que Clémence la gouvernante ne s'en apercoive, la fillette disparue dans les couloirs du castel.