En un beau jour de mai...

Les écuries s'agitaient déjà en ce début de matinée. Les palefreniers allaient et venaient, des hennissements retentisssaient dans le bâtiment soigneusement entretenu. Quelques chevaux étaient en train d'être ferrés en vue des travaux des champs.
Lorsque Nico traversa la cour et pénétra dans les écuries, ses gens le saluèrent respectueusement et il prit le temps de les saluer et de leur accorder un mot à tous.
Il fit appeler le palefrenier en chef et lui donna ses ordres.

Mathieu,

Je veux que vous selliez deux chevaux, parmi les meilleurs. Je compte inspecter le domaine aujourd'hui et une dame doit m'accompagner. Elle a l'habitude de monter, même si elle ne l'a fait depuis longtemps.
Je prendrai Aldebarant et préparez Mélusine pour mon invitée. J'attends que vous ayez fini.

Ses ordres donnés, Nico fit le tour du bâtiment, inspectant les stalles et les animaux qui s'y trouvaient. Les Brassac avaient toujours été passionnés de chevaux et ils possédaient de nombreuses bêtes, certaines venues à grands frais d'Orient ou d'Espagne. Six stalles étaient cependant vides et Nico eut une pensée inquiète pour les chevaux qu'il avait prêté à l'Ordre pour la guerre en Bretagne. Les reverrait-il un jour.
Mathieu revint le prévenir que les montures étaient prêtes. Nico sortit alors dans la cour. Les deux animaux attendaient, attachés à des anneaux dans le mur.

Un magnifique étalon andalou noir piaffait d'impatience. Aldebarant, la monture préféré de Nico. Sa robe était tellement noire qu'elle en paraissait bleue. C'était un cheval puissant, d'une rapidité et d'une endurance inouïe.
A ses côtés se tenait une superbe jument alezane. Melusine n'était la propriété de Nico que depuis quelques jours. Il l'avait faite venir du royaume d'Angleterre et elle avait toutes les caractéristiques des purs-sang anglais. Une monture digne d'une reine !

Tout était prêt. Il ne manquait plus que l'élue de son coeur.

Nico était en train de flatter l'encolure d'Aldebarant lorsqu'il vit arriver Guillaume, suivi par Sibella. Son coeur fit un bond dans sa poitrine. Qu'elle était belle... Il se précipita à sa rencontre, notant que Guillaume ralentissait sa marche.
Arrivé à hauteur de Sibella, il lui adressa un sourire rayonnant, s'inclina profondément devant elle pour la saluer et prit ses 2 mains dans les siennes, avant de les porter à ses lèvres pour y déposer un tendre baiser.

Ma chère,
C'est un réel plaisir que de vous voir en mon domaine. Soyez-y la très bienvenue !
Comme vous pouvez le constater, nos deux montures sont déjà prêtes. Je vous ai réservé la jument. Peut-être voudriez-vous visiter mes écuries avant de partir nous promener ? Sachant que vous aimez les chevaux, cela vous ferait-il plaisir ?

Puis, se tournant vers son majordome.

Guillaume,
Au lieu de bailler aux corneilles avec ce sourire niais aux lèvres, retournez donc au château et faites-nous préparer une collation au petit salon, pour notre retour. Je vous en serai reconnaissant.

Devant l'ordre donné, Guillaume s'inclina.

Bien messire,
Il en sera fait selon vos désirs.

N'ayant plus de prétexte pour rester à observer son maître et son invitée, Guillaume repartit vers le castel. Jamais encore il n'avait vu son maître ainsi avec une femme. Celle-ci devait vraiment être spéciale pour qu'il l'ait invité ainsi au domaine et qu'il lui accorde une journée entière de son temps, lui toujours par monts et par vaux pour ses multiples occupations.

Sibella souriait, un peu gênée par l’ordre impératif donné à Guillaume, si gentil, elle n’avait pas l’habitude d’entendre parler ainsi, mais Nico était le maître de cette demeure, il payait ses gens, donc il attendait du travail.

Enfin elle était près de son amour… jamais elle n’avait aimé un homme autant que Nico, elle avait des ailes avec lui, elle se sentait rassurée… elle aurait voulu l’embrasser, le couvrir de baisers fous là tout de suite, mais non c’était encore trop tôt…

Sibella plongea son regard dans celui de Nico… Bonjour mon ami et merci pour votre accuei...
Vous avez un domaine absolument merveilleux, tous mes compliments, c’est un ravissement que de se trouver ici et de plus, près de vous… merci de m’accorder cette journée, vous qui êtes un homme très pris… je suis la plus heureuse des femmes…

C’est un honneur de me faire visiter vos écuries, j’adore les chevaux, c’est la plus belle conquête de l’homme… d’ailleurs je crois que votre famille porte un immense intérêt aux chevaux…

Sibella donna son bras à Nico…

Nico pressait le bras de Sibella contre lui, goûtant la chaleur de son corps à travers l'étoffe. Il la sentit gênée...

Ma douce,
Ne vous inquiétez pas pour Guillaume. Il m'a connu enfant, étant déjà au service de mes parents bien avant ma naissance. Même s'il m'arrive de lui parler rudement, il sait à quel point je lui suis attaché. Il m'a quasiment élevé...

Oui, effectivement, ma famille s'intéresse depuis fort longtemps aux chevaux. C'est une tradition familiale en quelque sorte. Hugues de Brassac, mon arrière-grand père, a ramené d'Orient des chevaux dits arabes et nous en faisons depuis l'élevage. Mais ma préférence va aux chevaux andalous, comme l'étalon que vous avez sous les yeux.
Par ailleurs, vous avez l'oeil. La jument est bien un pur-sang anglais... Nul doute que vous éprouverez un grand plaisir à la monter. Elle a un tempérament de feu mais sait obéir à la perfection à la personne qui s'impose à elle.

Il la sentit se détacher de lui et la regarda, surpris d'une telle réaction. Il vit alors qu'elle lui tendait un petit paquet. Il en resta d'abord muet de surprise avant de se ressaisir et de prendre l'objet.

Un cadeau ? Pour moi...? Mais... mais... vous n'auriez pas dû, ma chère. Vous m'embarrassez grandement. Je ne sais si je dois accepter.

Nico restait les bras ballant, regardant le petit paquet au creux de sa main. Il ne savait ce qu'il pouvait contenir...

Je vous en prie mon ange, ne soyez dont pas gêné, je l'étais bien l'autre jour quand vous m'avez offert ce superbe pendentif.... devant des gens en plus... et regardez, il est là dessous... .

En souriant, elle ouvrit le haut de son chemisier pour montrer à Nico le pendentif en argent qu'il lui avait offert...

Ouvrez ce tout petit paquet très simple, qui n'est vraiment pas à la mesure de vos gouts... si le bouquet de fleurs était pour la cave à vin, ceci sera à porter... quand vous visiterez vos champs !

Elle offrit à l'amour de sa vie, une épingle à cravate, en or, ayant une extrémité de forme carrée, entourée de petites perles et au centre la lettre S y est gravée....

Ayant ouvert le paquet, Nico vit avec stupeur le délicat objet qui s'y trouvait. L'or brillait dans la lumière matinale et les perles chatoyaient sous l'effet du soleil. ll resta saisi de stupeur devant la munificence du cadeau...

Mais... mais... C'est absolument magnifique !! Vous êtes folle de me faire de tels cadeaux ! Cela a dû vous coûter une fortune... Je ne sais si je peux accepter un tel présent...

Devant l'insistance de Sibella, Nico finit par accepter le présent et lui demanda de glisser l'épingle dans son jabot (HRP: je ne suis pas sûr que cravate et jabot existent en 1454 mais on va faire comme si...). Il profita de ce qu'elle était concentrée sur sa tâche pour l'attirer à lui et l'embrasser passionnément, en guise de remerciement.

Ma douce,
Je ne sais comment vous remercier de ce magnifique don... Je suis indigne de votre générosité et de votre grandeur d'âme.

Se reprenant à l'idée que ses gens pouvaient assister à la scène et ne manqueraient pas de répandre la nouvelle, Nico adressa un grand sourire à celle qu'il aimait tant, les larmes au bord des cils. Le langage des yeux était à ce moment-là aussi explicite que celui des mots.

Je vous en prie mon coeur, ce n'est vraiment rien et il me fait tellement plaisir que vous ayez un souvenir de moi.... ne dites pas que vous êtes indigne, vous savez bien que c'est moi qui le suis, je ne vous mérite pas.... que suis-je par rapport à vous... je n'ai rien à vous offrir que ma sincérité, et mon amour....

Rapidement Sibella lui fit un baiser... comme une voleuse... de peur d'être aperçue par une personne du domaine...

Il me tarde de monter cette magnifique jument mon coeur et partir avec vous faire le tour de votre domaine

Sibella n'avait pas vu toutes les écuries, c'était si grand, mais elle avait hâte de partir avec Nico faire une promenade.... Elle prit son bras et ils se dirigèrent vers la sortie....

Elle s’approcha de Mélusine la jument alezane qui lui était réservée… elle la caressa sur la tête… puis lui tapota l’encolure…

Elle est vraiment belle, acceptera-t-elle une cavalière aussi peu douée que moi ?

Elle s’approcha de Mélusine, pris les rennes que Nico lui tendit… mit son pieds gauche dans l’étrier, mit sa main gauche au pommeau de la selle et d’un coup se leva, enjamba la croupe et s’assit très doucement pour ne pas surprendre la jument.

Une fois en place, Sibella la caressa doucement et regarda Nico, avec une grande souplesse, monter son cheval…